vendredi 28 décembre 2012

lundi 26 novembre 2012

mardi 19 juin 2012

Quel avenir, pour les vieillards?

Quand je serai vieux (dixit un vieillard tremblotant, appuyé à deux paumes sur sa canne), je voudrais vendre des verres de limonade à vingt-cinq cents sur le trottoir.
- Et ne pas déclarer cet argent à l'impôt, je suppose?
- Sûr que non.
- Et te prendre pour un vieux délinquant, je suppose?
- Sûr que oui.
- Et l'hiver?
- J'ai un long manteau en plume d'oie, des bottes faites pour le grand nord, et je connais une recette de vin chaud, avec de la cannelle, du girofle, de l'écorce d'orange, du brandy... Je vendrai le verre un dollar ou deux. Ce sera peut-être le début d'une tradition, de vieux qui vendent du vin chaud au coin des rues l'hiver, qui sait... Et toi, que veux-tu faire plus tard?

L'autre vieillard pinça doucement la chair qui pendouillait de son menton, dans un effort intense pour rassembler les miettes d'esprit qui lui restaient. Une lueur parut à ses yeux:

- Je pense me mettre à l'origami. Peut-être m'installer à un café, fabriquer des animaux, des avions, des fleurs, des libellules, dans du papier journal, toute la journée, les offrir ou les disséminer un peu partout dans la ville, en rentrant chez moi, le soir.
- Un beau projet... mais le vent les emportera, non? Et la pluie? Et la neige?
- Tout disparaîtra, je sais... Juste un prétexte pour recommencer le lendemain! Et qui sait, ce sera peut-être le début d'une tradition, de vieux qui pratiquent l'origami dans des cafés...

Les deux amis éclatèrent aussitôt d'un rire franc, auquel on aurait voulu, cependant, s'il avait été possible de retoucher un tantinet la scène, insuffler un peu plus de vigueur.
Le rire s'essouffla aussitôt, et les deux vieillards, fatigués de cette conversation, se contentèrent par la suite d'observer en silence le soulèvement de la poussière, la rue balayée d'un trottoir à l'autre, par un vent solaire.
Et de penser au lendemain, à toutes les possibilités qu'il offrait.

lundi 21 mai 2012

Nos rêves

On laissera se frôler dans le ciel une masse lumineuse et des oiseaux en panique.
Ça nous rendra tranquilles. Et silencieux. Le soir va tomber, et doucement, rien que pour voir crépiter ton plaisir, je mettrai ma main au feu.

Autour des murs de briques, encore pleins de chaleur, y aura deux chaises et cette sorte de fer forgé tendre. Une absence prégnante, de couleur sombre, qui te donnera le goût de partir à la guerre, à la recherche d'un verbe magique.

Mais on y sera encore, beaucoup plus tard, étouffés dans nos rêves. Et presque heureux.

mercredi 2 mai 2012

samedi 31 mars 2012

Va comme je te pousse

Les bouteilles à la mer ça marche pas. Les petits avions de papier lancés du quatrième étage non plus. On oublie.
Paraît que la lumière fut. Je voudrais bien voir ça.

Quand quelqu'un vient te parler la nuit, pas besoin d'être attentif aux paroles.
Il s'est dit tellement de choses depuis que le langage existe, tellement d'arguties.
Esquisse un sourire si tu peux. Va comme je te pousse. Ou rêve au soleil. Ou perds la boussole.
Surtout ne comprends rien, ça ne t'aiderait pas.

C'est l'absolu qui le détraque, l'esprit.

Mais y a moyen d'en guérir: Serrer les poings dans tes poches, tout mettre en abîme.
Apparaître sur le trottoir, en plein jour.

lundi 26 mars 2012

Fuir dans le bon sens

Y a les bons vivants. Et les mauvais. Et beaucoup d'entre-deux.

Mon truc est de pas bouger, et j'incite les murs à faire de même. Reste le bruit des chars, mais c'est lointain. Et même au fin fond de la nuit noire et du silence, paraît qu'on peut toujours l'entendre.
Reste aussi le courant électrique, les ondes. On aime en dire du mal. Parce qu'il est commode de voir du mal en toute chose, comme de quitter une fête en s'excusant de ne pas savoir danser. C'est refuser de vivre.
Chacun ses stratégies.

Pour parvenir jusqu'ici, Je me suis réfugié dans des câbles, des plinthes, des murs, pendant des années. J'ai suivi la flamme d'un briquet, un délicat crépitement de poussière qui ne tenait qu'à un fil. Je l'aurais perdu à jamais si quelqu'un avait coupé le courant, tu vois. J'y ai gagné, au final, une fortune de lumière, aussitôt répandue par terre dehors, autour des vidanges, des feuilles mortes l'an passé. M'en est resté quand même une bouffée d'air. Beaucoup mieux que rien.

On me parlait d'anges, j'imaginais des clowns. Et c'est resté comme ça, presque en l'état, ce rêve: La source d'un malentendu perpétuel, que je nourris à la petite cuillère, aussitôt que je peux.

Il y a cette lame de fond qui bombe le torse, avec une lenteur gigantesque. Cette nostalgie du monde qui nous serre les tripes. D'une minute à l'autre, l'univers pourrait se mettre à respirer. Ce sera comme une tempête je te dis.

Il n'y a pas de mort qui tienne, pas de façon définitive. Je laisse la place au soleil.